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DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE.

nombre de ceux-ci étaient des hommes connus, et quelques-uns d’entre eux s’étaient rendus célèbres. La Caroline du Sud, qu’on a vue depuis prendre les armes dans la même cause, envoya pour sa part soixante-trois délégués. Le 1er octobre 1831, l’assemblée, qui, suivant l’habitude américaine, avait pris le nom de convention, se constitua à Philadelphie ; elle comptait plus de deux cents membres. Ses discussions étaient publiques et prirent, dès le premier jour, un caractère tout législatif ; on discuta l’étendue des pouvoirs du congrès, les théories de la liberté du commerce, et enfin les diverses dispositions du tarif. Au bout de dix jours, l’assemblée se sépara après avoir rédigé une adresse au peuple américain. Dans cette adresse on exposait : 1º que le congrès n’avait pas le droit de faire un tarif, et que le tarif existant était inconstitutionnel ; 2º qu’il n’était dans l’intérêt d’aucun peuple, et en particulier du peuple américain, que le commerce ne fût pas libre.

Il faut reconnaître que la liberté illimitée de s’associer en matière politique n’a pas produit jusqu’à présent, aux États-Unis, les résultats funestes qu’on pourrait peut-être en attendre ailleurs. Le droit d’association y est une importation anglaise, et il a existé de tout temps en Amérique. L’usage de ce droit est aujourd’hui passé dans les habitudes et dans les mœurs.

De notre temps, la liberté d’association est devenue une garantie nécessaire contre la tyrannie de la majorité. Aux États-Unis, quand une fois un parti est devenu dominant, toute la puissance publique passe dans ses mains ; ses amis particuliers occupent tous les emplois et disposent de toutes les forces organisées.