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ÉTAT ACTUEL ET AVENIR DES TROIS RACES.

caine a, pour croître dans cette partie de l’Union, des causes analogues à celles qui font grandir si vite la race européenne au Nord.

Dans l’État du Maine, on compte un Nègre sur trois cents habitants ; dans le Massachusetts, un sur 100 ; dans l’État de New York, deux sur 100 ; en Pennsylvanie, trois ; au Maryland, trente-quatre ; quarante-deux dans la Virginie, et cinquante-cinq enfin dans la Caroline du Sud[1]. Telle était la proportion des noirs par rapport à celle des blancs dans l’année 1830. Mais cette proportion change sans cesse : chaque jour elle devient plus petite au Nord et plus grande au Sud.

Il est évident que dans les États les plus méridionaux de l’Union, on ne saurait abolir l’esclavage comme on l’a fait dans les États du Nord, sans courir de très grands dangers, que ceux-ci n’ont point eu à redouter.

Nous avons vu comment les États du Nord ménageaient la transition entre l’esclavage et la liberté. Ils gardent la génération présente dans les fers et

  1. On lit dans l’ouvrage américain intitulé Letters on the colonisation Society, par Carey, 1833, ce qui suit : « Dans la Caroline du Sud, depuis quarante ans, la race noire croît plus vite que celle des blancs. En faisant un ensemble de la population des cinq États du Sud qui ont d’abord eu des esclaves, dit encore M. Carey, le Maryland, la Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud et la Géorgie, on découvre que de 1790 à 1830, les blancs ont augmenté dans le rapport de 80 par 100. »

    Aux États-Unis, en 1830, les hommes appartenant aux deux races étaient distribués de la manière suivante : États où l’esclavage est aboli, 6,565,434 blancs, 120,520 nègres. États où l’esclavage existe encore, 3,960,814 blancs, 2,208,102 nègres.