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CAUSES QUI MAINTIENNENT LA DÉMOCRATIE.

Américains, prise dans son ensemble, ne soit bien adaptée au génie du peuple qu’elle doit régir et à la nature du pays.

Les lois américaines sont donc bonnes, et il faut leur attribuer une grande part dans le succès qu’obtient en Amérique le gouvernement de la démocratie ; mais je ne pense pas qu’elles en soient la cause principale. Et si elles me paraissent avoir plus d’influence sur le bonheur social des Américains que la nature même du pays, d’un autre côté j’aperçois des raisons de croire qu’elles en exercent moins que les mœurs.

Les lois fédérales forment assurément la portion la plus importante de la législation des États-Unis.

Le Mexique, qui est aussi heureusement situé que l’Union anglo-américaine, s’est approprié ces mêmes lois, et il ne peut s’habituer au gouvernement de la démocratie.

Il y a donc une raison indépendante des causes physiques et des lois, qui fait que la démocratie peut gouverner les États-Unis.

Mais voici qui prouve plus encore. Presque tous les hommes qui habitent le territoire de l’Union sont issus du même sang. Ils parlent la même langue, prient Dieu de la même manière, sont soumis aux mêmes causes matérielles, obéissent aux mêmes lois.

D’où naissent donc les différences qu’il faut observer entre eux ?

Pourquoi, à l’est de l’Union, le gouvernement républicain se montre-t-il fort et régulier, et procède-t-il avec maturité et lenteur ? Quelle cause imprime à tous ses actes un caractère de sagesse et de durée ?