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LE COLLAGE

de Montmartre, la porte d’Ornano, un magasin de fourrages, d’autres postes nullement menacés. Toujours de longues heures de faction, le flingot ancien système au bras, avec, de loin en loin, des rondes-major inutiles, où quelque officier fédéré en grand mystère, échangeait le « mot d’ordre » contre le mot de « ralliement ».

Seulement, l’ancien capitaine de leur compagnie, celui du premier siège, était un bourgeois qui volait le gouvernement de la Défense nationale et bourrait ses poches avec des sommes pêchées dans l’eau trouble de ses comptes ; tandis que le nouveau, celui de la Commune, honnête, mais toujours pochard, était un bon diable qui n’eût pas fait tort d’un sou à personne, mais qui, affligé d’une soif inextinguible, vous avait le pif couleur du drapeau de l’Insurrection.

Un jour pourtant, on les avait fait sortir de l’enceinte fortifiée, la compagnie entière, officier en tête. On avait reçu de la place une mission : se rendre sans armes à Levallois-Perret, afin de déblayer la gare de toutes sortes de marchandises qui gênaient la défense. On était parti à pied, de très grand matin, avec des vivres. Il n’avait pas fallu moins de six à sept heures pour bâcler la corvée. Puis, le soir venu, quand la compagnie, toujours sans fusils, mais marquant le pas et rangée en bataille, se présenta à la porte d’Asnières, non seulement on trouva la porte fermée,