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LE RETOUR DE JACQUES CLOUARD

j’ai amplement de quoi prendre ma troisième classe.

— Acceptez toujours, ou ne sait pas… Vous nous rendrez plus tard, tout à la fois.

On s’embrassa.

— Je vous écrirai bientôt ! leur cria-t-il par la portière.

Genève était loin ; Jacques se sentait encore tout triste de quitter, sans doute pour toujours, cette Suisse hospitalière où il avait trouvé de braves cœurs. Soudain, un ralentissement du train, un arrêt. Tandis que des employés, d’une voix endormie, disaient : « Bellegarde… Bellegarde… » la portière s’ouvrit, et un douanier impoli, presque brutal, vint lui ordonner de retourner ses poches. Jacques Clouard était en France.


II


Jacques Clouard était en France. Ces arbres, ces prairies, ces champs de blé, ces côteaux couverts de vignes, ces fermes aux volets clos, ces chemins vicinaux blanchissant à la clarté de la lune, ces villages endormis dont le clocher se profilait un moment sur le ciel, toute cette contrée inconnue qu’il voyait se dérouler peu à peu par la portière comme une fantasmagorie de lanterne magique, c’était la patrie. Et il lui semblait que