temps, au milieu d’une de ses colères, je ne sais à propos de quoi, elle me disait : « … Je m’en irai ! Mais je veux qu’il te reste des souvenirs de mon passage. Je briserai, brûlerai, crèverai tout. Je laisserai chez toi un cimetière. »
Elle le ferait ! Ce n’est pas que je sois avare, que je tienne par trop à mes vieilleries. Je me sens prêt à un sacrifice. Je lui abandonnerais mon mobilier, le lit et sa literie, les fauteuils, la pendule et la glace, et la salle à manger, la batterie de cuisine, le linge de maison, tout enfin, à l’exception de mon cabinet. Ici seulement, où j’ai passé les meilleurs moments de ma vie, mes heures les plus dignes, les plus utiles, — les plus anxieuses parfois, mais de cette anxiété du travail, saine et parfois féconde, — ici, je suis tellement accoutumé aux moindres objets, qu’ils me semblent faire tous partie intégrante de moi-même. Je ne parle pas seulement de mes quelques toiles données par des amis, ni de mes livres. Ce serait une mort pour moi si une main osait s’abattre sur ce bureau, se vengeait sur mes travaux commencés, ou détruisait un seul de mes papiers, le plus insignifiant en apparence.
Mon Dieu ! que n’ai-je de l’argent ! L’argent simplifierait tout. Il me deviendrait facile de me garantir contre les éventualités rageuses d’une tempête. Il n’y aurait même pas de tempête. Je lui monterais quelque autre appartement