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LE COLLAGE

deux robes à Célina, je ne me suis pas trouvé en mesure de payer un billet souscrit à mon tailleur. Vers les fins de mois, je n’ai plus la ressource économique de dîner fréquemment en ville : maintenant il faut que la marmite bouille tous les jours. Et Célina, par là-dessus, qui me fait des peurs, en se croyant à chaque instant enceinte. Ce n’est jamais vrai, heureusement. N’importe ! j’ai les charges du mariage, avec quelques autres soucis.


XI


Une nuit.

J’ai voulu veiller, ici, dans mon cabinet. J’ai prétexté une besogne pressante. Après s’être fait énormément prier, elle a fini par se mettre au lit. J’espère qu’elle dort. Il faut pourtant que je me méfie. Elle serait capable d’arriver sur la pointe du pied. Pauvre Célina ! si tu savais ce qui se passe en moi, à quoi je rêve !

L’an dernier, à cette époque, encore mon maître, je me rendais, le soir, dans une brasserie, près la gare de l’Est. Parfois, à travers la glace ternie de buée, je la trouvais attablée avec des messieurs, rieuse, faisant la folle. Alors, bête que j’étais et n’ayant sur elle aucune intention sérieuse, je n’entrais pas : ça me faisait quelque chose ! Puis, certains soirs, elle était seule à une