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LE COLLAGE

y comprendre, aux Petits Cavaliers de Velasquez, par Manet ? Que semble-t-elle attendre ? Tout à coup, sans me dire au revoir, elle détale, ayant reconnu avant moi le pas de Célina dans l’escalier.

Sans bruit, j’ai refermé derrière Flore. Un violent coup de poing ébranle la porte. J’ouvre. Célina rentre, les yeux pleins de larmes. Je comprends que Momiche n’est pas retrouvé. Elle aura en vain battu le quartier. Son désespoir me fait mal. Je voudrais la consoler :

— C’est un malheur, ma pauvre Célina… Que veux-tu ? ça arrive tous les jours… Et tu t’es fatiguée ? Tu auras voulu courir jusqu’à la rue Chaptal !

Pas un mot de réponse, pas un geste. Comme je connais ma Célina, je m’attends à quelque chose de terrible. Ses plus violents emportements commencent ainsi, par la surdité volontaire, par le mutisme. Mais je ne résiste pas à l’envie de l’embrasser ; je m’avance, d’ailleurs avec précaution. Alors, elle éclate :

— Lâche ! voyou ! salaud !

Cloué sur place, je lui dis, sur un ton de doux reproche :

— Qu’est-ce qu’il te prend, ma pauvre chérie ?… Nous avons donc un gros chagrin…

— Pignouf !

Et, sans que je ne m’y attende, car elle n’a jamais fait cela, Célina me lance un coup de pied.