déplié. Fernand finit par sauter à terre. Et le « vieux » monta prendre sa place sur le tonneau s’assit sur la chaise, tandis que Fernand comptait de nouveau la recette.
— Cette fois, quatre francs trois sous ! pas encore mon compte… Mais je suis pressé. Je veux bien tout de suite enlever le tonneau… Seulement quand mes dents le tiendront en l’air avec le poids de cet homme par-dessus, vous autres, au lieu de tant m’applaudir, vous me jetterez encore un franc… La gloire c’est beau, mais manger !… Et ne vous amusez pas à me crier : « Assez !… » comme à l’ordinaire. Ça m’agace… et je ne lâcherai le tonneau que quand j’aurai mes cent sous… Ainsi, pas de compassion inutile : seulement du courage à la poche !…
Puis, tout de suite, résolument, avec la soudaineté de décision d’un homme qui doit faire un effort extraordinaire et qui ne veut pas réfléchir de peur de se sentir lâche, Fernand mordit le rebord du tonneau, à un endroit bien connu, dont le bois avait un peu été aminci avec un couteau, et où chacune de ses dents retrouvait son empreinte. Et alors commença une minute longue, interminable. Arc-bouté sur les jambes, des deux mains contenant ses côtes, la tête ramassée sur la poitrine, le cou raccourci, gonflé, prêt à éclater, Fernand tenait le tonneau en l’air, le tonneau surmonté d’une chaise et d’un homme assis, les bras croisés. Et Fernand fermait les yeux, le