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LE COLLAGE

bien plus bath de passer sa soirée chez le marchand de vin à boire tranquillement une chopine… N’est-ce pas, vieux ?

Le « vieux » fit énergiquement oui, de la tête et des mains.

— Eh bien, et moi, mesdames, continuait Fernand, qui vous dit que je n’ai pas une connaissance… quelque femme du grand monde… une duchesse peut-être ayant un béguin pour moi ?… et qui ne serait pas fâchée à l’heure qu’il est d’avoir mon bras pour aller manger une douzaine chez Baratte… Eh bien, au lieu de me ballader au faubourg Saint-Germain, moi, je suis ici, sur le boulevard des Batignolles, à faire le malin et le poireau… Regardez-moi sous quelle pelure !

En un tour de main, faisant voler au loin sa vieille jaquette, il apparut nu, en maillot couleur chair, complètement nu, avec un étroit caleçon de satin cerise. Un petit frémissement passa sur la foule.

— Si je turbine dans ce costume, c’est pour gagner ma vie…

Et il attendit. Cinq ou six sous, seulement, tombèrent. Il les ramassa. Puis, secouant la tête avec une colère jouée :

— Ça ne fait pan le compte… Il me faut cinq francs, pas un sou de moins ! ou vous ne me verrez pas enlever le tonneau avec les dents… Entendez-vous, cinq francs ! et vite encore… Aujourd’hui, je n’ai pas le temps d’attendre