Page:Alexis - Le Collage.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
LE COLLAGE

pas aussi pour moi ? Tant pis ! pour moi ou pour elle, avec le droit ou non, j’ai la fièvre : qu’elle se hâte ! D’ailleurs, elle n’a peut-être aucun secret.


Neuf heures.

Elle s’est promenée quelque temps dans sa chambre de long en large, comme quelqu’un qui réfléchit et qui ne sait trop quel parti prendre. Puis, je ne l’entends plus. Je crois qu’elle s’est de nouveau assise. Il se fait tard. L’aiguille de la pendule marche toujours ! Maintenant, qu’elle sorte ou non, cela m’est indifférent. Ma fièvre est tombée. Je n’ai plus que de la tristesse et du découragement. Qu’est-ce que je fais ici, moi, monsieur Mure, magistrat, homme grave, frisant la cinquantaine ? L’oreille collée à une cloison, comme un mari jaloux ! Cet espionnage de policier dans un hôtel garni de sixième ordre, est-ce de mon âge, de ma position sociale ? Est-ce de ma calvitie et de mes cheveux blancs ? Personne, à X…, ne le croirait ! Du Palais de Justice, mes collègues, avec une longue-vue, auraient le pouvoir de me découvrir ici et de suivre mon invraisemblable aventure ; quels éclats de rire ! En ferait-on des gorges chaudes pendant des mois, au cabinet de lecture, au cercle. Et chez les Jauffret ? Et aux jeudis soirs de madame de Lancy ? Mais, là, ce n’est pas moi qu’on déchirerait le plus ; ce serait Hélène. Si on la savait ici, et si l’on connaissait cet hôtel ! Qui la défen-