Page:Alexis - Le Collage.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
LE COLLAGE

mander un bain. Puis, j’avale un consommé, je m’habille, et, malgré l’heure matinale, je me présente rue de Saint-Pétersbourg.


XI


Paris, 5 mai.

Que d’émotions depuis mon arrivée ! Que d’inquiétudes ! J’ai plus vécu, ici, en vingt-quatre heures, que pendant des années à X… Et toute ma fièvre tient dans cette ligne : « Je ne sais pas ce qu’est devenue Hélène. »

Hier matin, rue de Saint-Pétersbourg. La porte était ouverte, et la loge de la concierge, vide. J’avais déjà gravi quelques marches, comptant, vu l’heure matinale, déposer ma carte et demander à quelle heure de l’après-midi je pourrais revenir. Tout à coup, la concierge arrivant de la cour, un balai à la main :

— Où allez-vous ?

— Chez madame de Vandeuilles.

— Elle ne demeure plus ici… Il y a bientôt deux ans.

Deux ans ! et elle ne me l’avait pas fait savoir ! Que de fois, pendant ces deux ans, je me l’étais imaginée dans son appartement, s’occupant de sa fille, de ses fleurs et de ses oiseaux, ou, le soir, sur son balcon, regardant le chemin de fer !

— Êtes-vous sûre qu’il y ait deux ans ?

— Oui… à un terme d’avril, je me souviens… quand ce monsieur donna congé, sa dame ve-