Page:Alexis - Le Collage.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
JOURNAL DE MONSIEUR MURE

vers sept heures et quart, sept heures et demie. Et encore n’était-ce pas aujourd’hui jeudi ? Chaque jeudi, M. de Vandeuilles dînait à son cercle.

— Tiens ! il vous laisse seule !

— Avec ma fille, répondit-elle très naturellement. Et elle fit faire un saut à la conversation…

— Avez-vous vu ma salle à manger ?

La salle à manger était claire et gaie, avec sa large fenêtre ouverte sur le balcon. Assise sur les genoux de la bonne, Lucienne prenait son bouillon. Des oiseaux des îles voletaient dans une volière en acajou. Un pan de soleil, tombant sur le parquet poli comme une glace, rejaillissait en une gerbe de rayons, dont quelques-uns faisaient reluire les pièces d’argenterie du buffet, un buffet à crédence en vieux chêne. Maintenant que nous y étions, elle voulut me faire visiter le reste de l’appartement : leur chambre, celle de Lucienne, la cuisine et une autre pièce, à peine meublée celle-là, « le cabinet de M. de Vandeuilles ». Rien qu’un bureau, quatre chaises, un encrier et du papier à lettre oublié sur le bureau ; mais pas de bibliothèque, pas un livre. Des fleurets accrochés à la muraille, avec des gants d’escrime et un masque. Une boîte de pistolets de combat sur une chaise. Hélène ramassa quelque chose qui traînait par terre : un écrin de lorgnette de théâtre, qu’elle posa sur la tablette de la cheminée. Des cartes de visite, des lettres