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LE COLLAGE

changea de wagon à Toul, sur l’invitation d’un monsieur, qui lui souriait par une portière ; puis, un peu après Bar-le-Duc, des importuns étant descendus, elle fut soudain initiée aux joies de l’amour, en train omnibus, sur la banquette dure des troisièmes.

Alors, depuis deux ou trois mois, pourquoi vais-je régulièrement avec une femme pareille ? Oh ! mon Dieu ! ce n’est pas compliqué : Célina ne me coûte rien.

Les soirs où ça me dit, je me rends, vers minuit, dans certaine brasserie, tout près de la gare de l’Est. Huit fois sur dix, je trouve Célina seule. En tout cas, cela me fait une promenade.

Si elle est seule, Célina vient d’elle-même s’asseoir à ma table, et je lui offre à souper. Son souper consiste invariablement en une choucroute garnie, arrosée de deux ou trois bocks. Avec ma consommation et l’étrenne au garçon, ça ne monte pas à cinquante sous. Quelquefois, je règle en plus sa dépense de la veille.

Chez elle, j’ai déjà mes petites habitudes. Elle habite une maison neuve, dont la porte, toute luisante, se referme avec un bruit doux. Peu de marches à monter. La chambre, au premier au-dessus de l’entresol, grande et confortablement meublée, n’est pas une chambre d’hôtel : Célina loge en appartement, ainsi que deux autres dames, chez une veuve, propre et d’aspect honnête. Le