Page:Alexis - Le Collage.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
LE COLLAGE

les murs du caveau ne se soient pas affaissés comme la pierre ! » Puis je me suis trouvé devant le tombeau des Derval. Et j’ai relu l’inscription que j’ai fait mettre moi-même : THÉODORE DERVAL. — Commandant de l’armée d’Afrique, aide de camp de Changarnier, officier de la Légion d’honneur.

Déjà un an !… Il ne se mettra plus en colère. Il ne dira plus : « Quand j’étais au camp de Médéah ! » Pendant une demi-heure, après chaque repas, son teint, de rouge qu’il était à l’ordinaire, devenait écarlate. Un soir, après son dîner, au lieu d’aller au cercle, il dut prendre le lit. Je ne fus appelé que le lendemain. La crise était passée. — « Quelle nuit ! » disait la bonne, en hochant la tête. On ne l’eût pas cru malade. Je passai l’après-midi entière à son chevet : il ne souffrait pas, ne se plaignait de rien ; seulement, son agitation était extrême. Il se retournait à chaque instant dans son lit, se versait lui-même de la tisane froide, puis parlait, parlait. Il fuma même une pipe. Je lui demandai s’il fallait prévenir Hélène. — « Gardez-vous-en bien ! Voyons ! pour une simple indisposition !… » Elle lui avait encore écrit l’autre semaine, et il me lut cette lettre. La petite fille qu’elle avait eue du comte de Vandeuilles était maintenant dans son treizième mois, oh ! une enfant magnifique !… Hélène se trouvait encore enceinte. Ma foi, tant