Page:Alexis - Le Collage.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
LE COLLAGE

Le jeune comte de Vandeuilles l’a « enlevée ». Elle était depuis quelque temps sa maîtresse, à ce que l’on dit. Hier soir, ils ont pris tous deux l’express pour Paris.


Le surlendemain.

Elle m’a écrit.

Un simple billet. Quelques lignes griffonnées au crayon, dans le train.

Elle ne prononce même pas le nom de son mari. Un mot de dédain et de mépris pour la ville. Puis, elle me parle de son père à qui elle écrira plus tard. C’est moi qu’elle charge d’annoncer le premier la chose à son père « avec ménagement ». Elle termine par une phrase ironique : « C’est un service pénible, qui vous sera peut-être plus pénible à vous qu’à tout autre, mais je ne puis le demander qu’à vous. » Et elle signe.

Il y a un post-scriptum :

« P. S. — Si mes mots sont un peu tremblés, cela tient uniquement aux cahots du rapide qui m’emporte. Mais mon cœur, lui, ne tremble pas. — J’aime pour la première fois de ma vie. »

Le tout, jeté à la boîte de Dijon.

— Dijon !… Dix minutes d’arrêt ! Buffet !…


Une nuit d’insomnie, le même été.

J’étouffais dans mon lit, ne pouvant ni lire, ni m’endormir. Me voici à mon bureau, à moi-