Page:Alexis - Le Collage.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
LE COLLAGE

de mes observations de ce temps-là était juste.

Moi seul, j’ai changé : X… est toujours X… !


V


Un dimanche.

Madame de Lancy assistait au mariage d’Hélène, sans l’avoir connue jeune fille. Mais le père Derval et M. de Lancy étaient du même cercle. Une certaine intimité existait même entre eux. D’ailleurs, ce M. de Lancy est si léger, si nul et si bon garçon à la fois. Malgré tout, sympathique ! Le noble subsiste en lui : il a une case du cerveau pleine de sa supériorité à lui, et de la supériorité de ceux de sa caste sur ceux qui n’en sont pas. Mais toute sa noblesse ne résiste pas à un verre d’absinthe, à l’excitation d’une nuit de jeu, à l’entraînement d’une fête, même au simple picotement d’une farce à faire, excentricité de commis-voyageur ou folie de collégien en jour de sortie. Ne le voyais-je pas, l’autre jour, chez le coiffeur, tutoyer le garçon qui lui coupait les cheveux, barbouiller de savon le museau du chat de la boutique, et, du plat de la main, appliquer au patron de grandes tapes dans le dos ! Il a beau grisonner, avoir cinquante ans, une large patte d’oie, des rhumatismes : c’est tout son écervelé de fils. D’ailleurs, ils se tutoient tous les deux, ont le même tailleur, mènent la même vie, fré-