Page:Alexis - Le Collage.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
LE RETOUR DE JACQUES CLOUARD

c’était elle qui parlait à Jacques. Non ! cela lui faisait trop de mal pour se taire ! Pour elle, et pour lui, qui apprendrait toujours la vérité, mieux valait en finir tout de suite.

— Vite ! Tout ! Je veux tout savoir ! murmurait Jacques.

Puis, s’apercevant qu’elle hésitait, comme si l’aveu lui coûtait trop, il s’emporta :

— Qu’as-tu donc à dire, malheureuse ? Tu me fais peur…

Il n’était plus le même homme. Ses yeux hors de la tête la foudroyaient. Il lui serra le poignet avec une violence extraordinaire.

— La misérable ! Elle aura eu quelque amant !

Et comme elle faisait signe que oui, en baissant la tête, ce fut plus fort que lui, il lui secoua brutalement le bras. Puis, la lâchant, il se mit debout devant elle, le poing levé, prêt à frapper. Elle, résignée à tout, très calme, ne faisait pas un mouvement, semblait dire : « Agis comme tu veux : frappe, tue, c’est ton droit ! » Il se laissa retomber à côté d’elle sur le banc.

— Malheureux que je suis ! Je ne peux pas !… Je ne peux pas !

Il sanglotait à son tour, se cachant le visage, n’en voulant déjà plus à Adèle. Il se sentait écrasé sous la fatalité, plus à plaindre à Paris que dans l’exil, partout misérable. Tandis qu’Adèle, maintenant prise de pitié, essayait timidement de le calmer.