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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

venaient qu’à entrevoir la tête blanchie de la vieille femme vêtue de couleurs brunes, effacées.

— « Madame Fraque a renoncé à Satan, à ses pompes et à ses œuvres. — M. Fraque a en moins toutes les années que sa femme vient de prendre en plus, » etc., etc.

Les phrases variaient ! mais la curiosité publique ne creusait pas davantage. L’épisode de Firmin n’avait pas transpiré. Le monde, oubliant décidément celle qui venait de renoncer à lui, ne se demandait pas vers quoi avait pu tourner son activité, cette femme remuante, haineuse, entêtée, quel drame avait secoué et modifié ce petit être, ce qu’avaient bien pu devenir tant de vanité mondaine éventée, tant de coquetterie et de galanterie tournées à l’aigre.

Cependant, parmi les clichés usuels sur le compte de madame Fraque, apparut tout à coup une variante :

— « Madame Fraque s’est convertie ! »

Vers la tombée de la nuit, un jour du carême, avant que le gaz fût allumé, à l’heure froide et triste où les cloches de Noirfond sonnent lamentablement la bénédiction, un voile sur la figure, dans son châle noisette, ratatinée comme une feuille morte, on l’avait vue seule, dans la rue, rasant les murailles. Et la bise aigre qui soufflait, avait paru la pousser jusque sous le porche d’une église.

Une odeur d’encens la pénétra tout de suite. C’était « le salut ». L’orgue jouait moelleusement, avec des