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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

— Mon cousin, répondit-elle gravement, ce soir je ne suis plus en retraite. Je vais vous dire ce que je vous aurais dit l’autre jour, il y a trois semaines, si je l’avais pu.

M. Fraque fut tout saisi et remué.

— Où veut-elle en venir ? se disait-il avec inquiétude.

De sa voix sèche, avec beaucoup d’assurance, elle lui signifia de mettre fin à leur intimité de fraîche date. On était dans une petite ville. Tout se savait. Et des bruits qui ne lui plaisaient pas commençaient à courir. M. Fraque, décontenancé, croyait entendre parler une jeune veuve.

Elle s’excusa même que ce ne fût pas son père qui tînt ce langage à M. Fraque. Mais, de bonne heure, n’avait-elle pas été accoutumée à s’occuper d’elle, elle-même ! Le soir encore, elle communiquerait sa résolution au marquis, qui ne pourrait que l’approuver.

— Je ne vous comprends pas, balbutiait de temps en temps le jeune homme. De quels bruits ?…

Zoé s’expliqua plus hardiment encore. Elle lui parla de sa fortune. Elle lui fit entendre qu’une de Grandval pauvre n’épousait pas un Fraque riche. Elle ajouta même qu’elle allait se faire religieuse :

— Sans rancune, mon cousin, quittons-nous bons amis.

Et elle lui tendait la main. Puis elle eut un sourire :

— Vous viendrez assister à ma prise de voile.