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LA FIN DE LUCIE PELLEGRIN

l’Élysée-Montmartre… Hein ? c’est convenu, n’est-ce pas ? Seulement deux de vous me soutiendront un peu pour me faire descendre l’escalier. Une fois en bas, vous verrez, ça ira tout seul, je n’aurai plus besoin de votre bras… Et quand vous aurez dîné, il ne faudra pas venir me chanter que vous partez vous habiller ; je ne vous lâche plus ; si c’était pour Mabille… mais à l’Élysée, vous savez, nous sommes chez nous : on y va comme l’on est… Dites, sera-t-on étonné de me revoir ! quelle joie !… Je suis guérie, je danse, mes anciens sont là, autour de moi. À minuit, pour sûr, on nous emmène toutes souper, et…

— Ça y est ! s’écrièrent les autres en battant des mains ; vive Lucie Pellegrin !

Mais Lucie Pellegrin ne put continuer : sa voix surmenée venait de se briser en mille pièces, comme une feuille de cristal trop mince.

— Ce n’est rien ! dit-elle.

Mais elle toussait, elle toussait. Le mouchoir dont elle se tamponnait la bouche, était déjà imbibé de sang comme une éponge. Redevenue d’une pâleur de cadavre, elle tendait encore son verre vide à madame Printemps pour redemander de l’absinthe.