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LA FIN DE LUCIE PELLEGRIN

— Voici, ajouta-t-elle en s’effaçant pour laisser voir les autres femmes, ta concierge n’y était pas, nous avons trouvé tout ouvert, et nous sommes entrées, ces deux-ci que tu connais, une de nos amies et moi… Nous te ramenions Miss qui nous est arrivée sans collier, pendant que nous déjeunions chez Victor.

— Vous savez que votre Miss va accoucher, ajouta Héloïse. Et vous, comment ça va-t-il ?

— Comme vous voyez, voulut répondre Lucie Pellegrin.

Mais sa mauvaise toux lui étrangla la voix, et un nouveau flot de sang lui monta à la gorge.

Toutes s’empressaient. Héloïse lui retrouvait son mouchoir. La grande Adèle, lui passant les bras autour de la taille, la tenait penchée au-dessus d’une spacieuse cuvette en faïence anglaise, que Marie la frisée était allée chercher en courant dans le cabinet de toilette. Goutte à goutte, en rosée écarlate et chaude, le sang de Lucie Pellegrin descendait lentement sur les fleurs et les feuillages bleus de la faïence. Et la grande Adèle la sentait peser si peu, qu’elle croyait ne plus avoir dans les bras que le corps de cette petite Lucie chétive et en haillons qui, autrefois, descendait à moitié nue des carrières de Montmartre, par la rue Marcadet. Avec toutes sortes de précautions, elle replaça ensuite la poitrinaire sur l’oreiller. L’autre Adèle, qui avait trouvé la tisane sur la table, s’avançait, une tasse à la main, en remuant le sucre.