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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

reconnaissais plus. On avait enlevé le billard : c’est ici qu’on danserait. Une toile rouge tendue sur le tapis de moquette ! Des fleurs partout, des tableaux et des panoplies, des lustres ! Une estrade pour l’orchestre ! Puis, trois salons de réception en enfilade. Au fond, le petit salon bleu. Tout était prêt. Les grandes lampes, déjà allumées. D’énormes bûches rondes, épaisses comme des troncs d’arbres, brûlaient dans les cheminées. Tandis que je présentais à la flamme la pointe de mes bottines vernies, une porte s’ouvrit et se referma au fond du salon bleu. Je vis arriver la femme de chambre d’Hélène.

— Bonsoir, monsieur, fit-elle en s’inclinant.

Et elle allait s’éloigner.

— Dites-moi, quand complète-t-on l’éclairage des salons ?

— Il n’est pas six heures… Madame a donné des ordres pour six heures et demie.

— C’est bien.

— Madame sera bientôt visible… Faut-il lui dire tout de suite que monsieur est là ?

— Inutile… Merci.

Maintenant je n’avais plus froid. M’éloignant de la cheminée, j’entrai dans le petit salon bleu, délicieux boudoir, où Hélène se tient de prédilection. Là, rien n’était changé. Les préparatifs de la fête n’avaient pas franchi le seuil de ce sanctuaire tout plein d’Hélène et des choses qu’elle aime. La lampe, à la place accoutumée, répandait sa lumière douce.