Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

lui chercher un fiacre à galerie, à la station de la Fourche, et cette dame partit. Pour ce qu’elle me devait, nous nous étions arrangées, j’ai eu son armoire à glace. Que voulez-vous ? monsieur, moi, elle m’avait toujours tapé dans l’œil, cette armoire à glace, et je l’ai maintenant dans ma chambre…

J’étais accablé. Hélène partie depuis le mois d’octobre, avec quatre mille francs, épave de sa fortune, sans dire où elle allait. Et nous étions en mai !

— Enfin, madame, tâchez bien de vous rappeler… Si Mme de Vandeuilles n’a rien dit réellement, réfléchissez, ne pourriez-vous retrouver quelque indice ?… N’avez-vous jamais plus entendu parler d’elle ?

— Attendez, monsieur…

Et je voyais la grosse femme faire un effort de mémoire. Puis, elle secoua la tête, et ses deux anglaises remuèrent… Non ! quelques jours après, la bonne qui était aller chercher la voiture, prétendait bien avoir revu la dame, un soir, dans l’avenue de Clichy. Mais ce n’était pas possible ! Cette bonne, aujourd’hui retournée dans son pays, avait dû se tromper. Elle-même, ne sortant que fort rarement, à la vérité, n’avait jamais rencontré sa locataire depuis, dans l’avenue, ni ailleurs. Dans son idée, la jeune dame paraissant craindre l’hiver et aimer le soleil, avait dû partir dans le Midi, peut-être à Nice… Voyant que je n’en tirerais rien de plus, dévoré de soucis, je lui avais déjà tourné le dos et je me dirigeais machinalement vers la grille, en pensant que j’allais écrire le