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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

tant sur le vert tendre des pelouses. Tout cela, un jardin unique, fait de deux cents petits jardins contigus séparés par des murs bas qui disparaissaient sous les plantes grimpantes, très long, et resserré entre deux rangées de petits hôtels coquets. Au milieu, d’un bout à l’autre, entre la double rangée de grilles des hôtels, un étroit passage pavé, avec rond-point de distance en distance. Et, à mesure que j’avançais, la douceur de la matinée de printemps, les émanations suaves, les gazouillements et les bruits d’ailes, me parlaient d’Hélène, contenaient quelque chose d’Hélène : « Voilà ce qu’elle aime ! Elle a passé par ici, je le sens, et elle y est encore. Tout à l’autre bout, l’avant-dernier de ces jardins, à gauche, m’a-t-on dit ! peut-être n’aurai-je pas besoin de sonner : Entre les barreaux de la grille, si je l’aperçois tout de suite, assise dans son petit jardin, en chapeau de paille !… Il faut m’attendre à la trouver en noir ; elle porte encore le deuil, et n’aura pas voulu quitter ces fleurs et ces oiseaux, les derniers vers qui Lucienne ait tendu ses petites mains… » Puis, arrivé à l’avant-dernière maison à gauche, je regarde à travers la grille : pas d’Hélène en chapeau de paille ! Le jardin, plus grand que les autres, mais médiocrement tenu. Sur la porte, deux ou trois écriteaux pendus : pension de famille, — appartements meublés et non meublés. Je sonne, tout en me demandant si je ne me trompe pas. La bonne qui vient m’ouvrir : « Je ne connais pas de Mme de Vandeuilles, mais il n’y a que trois mois que