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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

dant de l’armée d’Afrique, aide-de-camp de Changarnier, officier de la Légion d’honneur.

Déjà un an !… Il ne se mettra plus en colère, Il ne dira plus : « Quand j’étais au camp de Médéah ! » Pendant une demi-heure, après chaque repas, son teint, de rouge qu’il était à l’ordinaire, devenait écarlate. Un soir, après son dîner, au lieu d’aller au cercle, il dut prendre le lit. Je ne fus appelé que le lendemain. La crise était passée. — « Quelle nuit ! » disait la bonne, en hochant la tête. On ne l’eût pas cru malade. Je passai l’après-midi entière à son chevet : il ne souffrait pas, ne se plaignait de rien ; seulement, son agitation était extrême. Il se retournait à chaque instant dans son lit, se versait lui-même de la tisane froide, puis parlait, parlait. Il fuma même une pipe. Je lui demandai s’il fallait prévenir Hélène. — « Gardez-vous-en bien ! Voyons ! pour une simple indisposition !… » Elle lui avait encore écrit l’autre semaine, et il me lut cette lettre. La petite fille qu’elle avait eue du comte de Vandeuilles, était maintenant dans son treizième mois, oh ! une enfant magnifique !… Hélène se trouvait encore enceinte. Ma foi, tant pis ! si c’était un garçon, lui, Derval, irait à Paris servir de parrain à son petit-fils, et, au besoin, il l’adopterait un jour. D’ailleurs, ce Vandeuilles était « un excellent jeune homme » qui rendait sa fille heureuse. Le gendre qu’il lui aurait fallu ! Et Moreau, « mon sacré Moreau », un jour ou l’autre n’avait qu’à mourir, dame !… D’ailleurs, lui, Derval,