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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

sa couronne ducale. Et les femmes devaient être là-haut, dans les bras des Coqs, des heureux Coqs : ils triomphaient ces gaillards-là, et ils avaient pour eux leur jeunesse ! C’était leur jeunesse, cette musique de quadrille, alerte et maigre, ayant la saveur aigrelette d’une pomme pas mûre ; leur jeunesse aussi, ce rhythme enlevant le galop, ces emportements fous ; puis, ce glissement de valse lascive ; puis ce cancan épileptique et paillard, toujours leur jeunesse ! Ils devaient tellement s’en donner, là-dedans, que des larmes de chaleur ruisselaient le long des vitres ternies. Alors, tout à coup, pour aérer le bal, les cinq fenêtres s’ouvrirent toutes grandes.

— Une fournaise !

— Voyez, ça crépite et ça fume !

— Chaque fenêtre crache une buée.

— Ça pue le tabac et la sueur.

— Éloignons-nous un peu, il me passe de la braise sur la joue.

— Des enragés !

— Que dites-vous ?

— Ce sont des enragés ! des polissons ! des misérables ! En quel temps vivons-nous : la jeunesse d’aujourd’hui n’a plus ni foi ni loi ! Avec cela, on dit le Pape à toute extrémité… Nous aurons un cataclysme !

— Moi, je m’étonne que la maison ne croule pas.

— Ce n’est pas raisonnable… Nous devrions être au lit, nous… des hommes mariés !