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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

le bras, si fort, que l’équilibre de ses lunettes en était dérangé. Chaque nouvel arrivant voulait le voir de près, lui parler, le toucher.

— Du calme ! mes amis, du calme ! avait-il beau dire.

Mauve, de Toulon, l’entourant de ses bras, voulait à toute force le hisser sur le marbre de la cheminée. Mais le père Lefèvre avait le triomphe modeste, ne se souciant nullement qu’on lui frippât sa redingote neuve. Déjà, on venait de lui faire renverser la moitié du contenu de sa tabatière. Pour échapper à la tyrannie des ovations, il se hâta de s’attabler avec les femmes que Courcier et Jéror avaient invitées « au nom de la souscription » à prendre quelque chose.

Au milieu du Divan, trois tables réunies par des ajoutes, n’en formaient qu’une, étroite et très longue. Les femmes étaient déjà assises, six de chaque côté, et, toute seule à un bout, Boulotte, l’énorme Boulotte. En face, le dos à la cheminée, s’installa M. Lefèvre. Tout autour, pressés les uns contre les autres, les Coqs se tenaient debout. Les plus éloignés, perchés sur les tabourets.

— Du gaz ! réclama-t-on de toute part, du gaz !

Les trésoriers, qui se donnaient beaucoup de mouvement, montèrent sur des chaises, tournèrent le robinet des lustres. Soudain, le Divan se trouva inondé de clarté crue. Et ce ne fut qu’un cri de stupéfaction :

— Ah ! elles ont de bonnes gueules !