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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

qu’à la porte du café. M. Lefèvre descendit d’omnibus le dernier, et entra derrière elles.

Elles ne firent que traverser les Momies. La salle, peu éclairée, ne contenait que quelques joueurs de bézigue et de domino attardés, les autres étant allés dîner à l’heure ponctuelle. Les parties ne s’interrompirent pas ; mais au fond de certains yeux bridés il s’alluma une petite flamme. Le banquier chauve de la première chanteuse, ne vit pas qu’il pouvait se débarrasser du double-six. Le grand Juif crasseux à tête d’oiseau, oublia de marquer son cent d’as. Le froufrou de leurs robes était déjà passé que les narines intérieurement tapissées de poils blancs du nez de l’huissier, se dilataient encore, pour humer leur odeur.

Elles défilèrent devant le comptoir. Debout, le vénérable père Brun ouvrait des yeux ronds. Madame Brun, elle, s’enfonçait pour la première fois de sa vie dans la lecture du Journal officiel, les joues et les oreilles rouges.

Enfin, elles entraient au Divan, moins éclairé encore que les Momies. M. Lefèvre, arrivant immédiatement après la dernière, semblait les avoir poussées devant lui.

— Eh bien ! cette absinthe ? demanda-t-il. Ouf ! mes amis, je crois ne pas l’avoir volée !…

Et, tirant son mouchoir, il s’épongea le front, radieux, recevant les poignées de mains des Coqs. Dans leur reconnaissance, certains lui secouaient