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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

aux Quatre Billards comme au Durand, cette phrase :

— Que fait M. Lefèvre ?

Plus d’animation au jeu. Les cartes ne sortaient pas du casier. Les tapis verts, entassés dans leur coin, dormaient inutiles. Les garçons bâillaient, les bras croisés. Et, le soir, à son comptoir, le père Brun se stupéfiait de l’insignifiance de « la culotte » sur le marbre de la cheminée du Divan.

— Que fait M. Lefèvre ?

Du Divan, cette sorte de malaise gagnait « les Momies ». Des parties de domino restaient interrompues. De vieux crânes polis, dépouillés de cheveux, se rapprochaient comme des billes de billard qui vont caramboler ; et c’étaient d’interminables chuchottements. À travers des verres de lunettes, luisaient de petits yeux ronds, tout ronds.

— Que fait M. Lefèvre ?

Et, au Durand, le lieutenant Ladoucette en train de causer Annuaire, comme ça, tout à coup, comme si une mouche le piquait :

— Tonnerre de Dieu ! que fiche donc ce sacré Lefèvre ?

Courcier, de Paris, et Jéror, d’Alger, ne le savaient pas plus que les autres, ce que faisait le père Lefèvre. Les premiers jours, ils avaient bien affecté un beau calme et une grande assurance, ne répondant aux questionneurs que par un signe de tête, qui signifiait : « tout va comme sur des roulettes ; nous comprenons la gravité de nos fonctions ; vous pouvez vous fier à