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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

— Alors vingt et un bocks, et sans faux-col… dit un Égyptien, à cheveux frisottants, au teint olivâtre.

— Non, vingt : fit alors M. Lefèvre. Moi, je préfère un perroquet.

Et, s’installant le plus commodément sur le divan, un tabouret aux pieds, il sortit sa tabatière, huma longuement une prise. Puis, il assujettit bien ses lunettes, et se passa plusieurs fois les mains sur sa grosse barbiche, pointue et grisonnante. Il avait le nez fort, vers le bout un peu crochu, et très rouge. Une vieille redingote grise, râpée, luisante, mais brossée avec soin et militairement boutonnée. Peut-être cinquante ans, l’âge d’être le père de ces jeunes gens.

— Lefèvre, demain après-midi, il me faut Selika, toute sellée.

— Ce soir, vers sept heures, en rasant les murailles, le chapeau sur les yeux, où donc allais-tu, Coq Lefèvre ?

— Combien prenais-tu d’absinthes par jour, en Afrique, quand tu étais maréchal-des-logis, Lefèvre ?

— Penses-tu qu’en dix de tes leçons, professeur Lefèvre, j’aurai assez d’assiette pour sortir ?

Dix de ses leçons d’équitation, vrai Dieu ! suffisaient ; mais pourquoi ne pas en prendre vingt ?… L’Afrique, sacrebleu ! un beau pays où l’absinthe se boit comme de l’eau !… Les raseurs de murailles,