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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

ret sur la vis pour l’exhausser, puis, une fois bien assis, tira le registre des « voix célestes ». Alors elle ne ferma plus les yeux, et, relevant son voile, toujours agenouillée, elle l’enveloppa de son regard avide, de son regard des dîners de l’Hôtel du Vatican. Cependant Monseigneur venait de faire son entrée en vêtements épiscopaux, l’enivrement de l’encens montait, l’orgue chantait sur un mouvement de valse l’allégresse suave du triomphe. Mais elle oubliait tout. Rien ne l’absorbait que la taille grêle d’enfant devinée sous le surplis tuyauté de l’abbé de la Mole ; et ce qui lui semblait adorable, c’était le petit morceau de cou jeune, tiède, duveteux, où elle aurait voulu coller ses lèvres. Elle ne revint à elle que, la cérémonie terminée, lorsque l’abbé de la Mole referma l’orgue précipitamment, pour aller à la sacristie rejoindre Monseigneur.

Alors elle rabattit son voile, et voulut se remettre à prier. La chapelle redevint déserte. Les cierges furent éteints. Les parents étaient partis déjeuner à la hâte, afin de revenir vers trois heures, pour la représentation théâtrale. Elle, resta pétrifiée sur sa chaise, n’ayant pas faim, ne s’apercevant pas que le temps marchait. Puis, elle se leva comme un automate, descendit de la tribune, traversa la chapelle, passa par la sacristie, et se trouva dans un long couloir, peu clair, ne prenant jour que par un vitrage qui donnait sur la grande salle d’étude.

Assise sur un petit banc qu’elle était allée prendre