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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

son air débraillé, sa paresse phénoménale, l’avaient fait prendre en grippe par M. Charboneau, le professeur. Il arrivait en classe avec des devoirs irréprochables, que le père avait la faiblesse de faire chaque jour, que le fils se bornait à recopier machinalement. Mais il ne se donnait jamais la peine d’apprendre une leçon, de suivre une explication d’auteurs. De loin en loin seulement, quand un sujet de narration française lui allait, quand un texte de version latine lui semblait un rébus amusant à deviner, Eudoxe composait, obtenait une place honorable tout comme un autre.

— Mais papa, répondit-il malicieusement, comment veux-tu que j’aie quelque chose, cette année, avec M. Charboneau, qui m’en veut parce que je ne suis pas catholique, parce que je suis ton fils ? L’an dernier, ce n’était pas M. Charboneau, j’ai eu le premier accessit de calcul.

— Ce n’est pas un accessit qu’il faut que tu aies, s’écria M. Menu, mais un prix !… M’entends-tu bien ? un premier ou un second prix !… Les accessits restent sur leur banc, reviennent les mains vides, tandis que nous voulons te voir monter sur l’estrade… Il faut absolument que tu sois couronné…

Eudoxe se débattit longtemps, dans son lit. On l’avertissait trop tard. Toutes les compositions dans « les facultés » où il aurait pu avoir l’ombre d’une chance, étaient déjà faites, et il avouait n’avoir pas été heureux. Il ne restait que le thème grec, la ver-