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L’A B C DES DOUBLES

Le premier auteur qui ait employé les vers « équivoqués », sans défaillance, d’un bout à l’autre d’un poème assez long, est Michaut Taillevent, peu avant 1440, dans son Passe Temps. Michaut fit école. Pierre Chastelain lui répondit, en vers non moins équivoqués, par le Contre passe Temps ou Temps Perdu, également daté de 1440, et par le Temps recouvert, daté de 1451. L’A B C des doubles de Guillaume Alexis est de la même année 1451. Le genre fut dès lors fort à la mode jusqu’au XVIe siècle. On voit combien se trompait Antoine Du Verdier quand, en 1572, il écrivait les lignes suivantes dans la Préface des Omonimes : « De prime face, lecteur, ce poème te semblera malpoli et rude ; mais, quand tu auras considéré de près la difficulté de ce genre d’escrire, je m’asseure que, excusant la rudesse, tu gratifieras le labeur et l’invention ; car il n’y a eu aucun poete devant moy qui ait escrit de suite tant de vers de cette sorte…[1] »

Nous ne pouvons faire ici une liste complète des poèmes en rimes « équivoquées[2] » : relevons simplement les titres de ceux qu’ont publiés MM. de Montaiglon et de Rothschild dans leur précieux Recueil de poésies françoises des XVe et XVIe siècles.

T. III, p. 97-117 : Les Omonimes, satire des mœurs corrompues de ce siècle, par Antoine Du Verdier. P. 247-260. La Deploration des trois Estatz de France sur l’entreprise des Anglois et Suisses, par Pierre Vachot.

T. VIII, p. 10-15 : L’Epitaphe de deffunt maistre Jehan Trotier[3].

  1. A. de Montaiglon, Recueil de poésies françoises, III, 97.
  2. On trouvera un certain nombre de renvois dans l’excellent traité de M. Ad. Tobler, Vom französischen Versbau, 3. Aufl. (1894), pp. 147-149.
  3. Dans l’intéressante notice, mise par M. de Montaiglon en tête de l’Epitaphe, le savant éditeur regrette la perte de deux