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son tour de lui, de son travail, de son grand projet des Rougon-Macquart, du premier volume alors sur le chantier. Puis, quand le thé eût [sic] été servi, étant allé sur ma demande chercher son manuscrit, il me lut les premières pages de la Fortune des Rougon, toute cette description de « l’aire Saint-Mittre » à Plassans, à ce Plassans que je reconnus, puisque j’arrivais d’Aix en Provence. Inoubliable soirée qui ouvrait un large champ aux réflexions du débutant homme de lettres, du provincial frais débarqué que j’étais alors. Soirée comme j’en ai passé depuis tant d’autres, pendant lesquelles j’ai vu pousser de près cette végétation des Rougon-Macquart, qui, alors, sortait à peine de terre.

Je reviens à l’histoire de ce vaste ensemble de romans, et je vais les prendre un par un, en épuisant mes souvenirs.

Dans la Fortune des Rougon, parallèlement à la préoccupation du roman lui-même, Zola en a eu tout le temps une autre : celle d’asseoir la série entière, en racontant le point de départ de la famille, dont il montre les principaux membres. Il a déjà bâti certains des personnages de ce premier volume, en vue du dernier, du « roman scientifique, » de celui qui ne sera peut-être fait que dans quinze à vingt ans, et où il compte donner comme une synthèse de toute l’œuvre. Celui qui s’embarquait dans un pareil travail venait d’avoir vingt-neuf ans, lorsqu’en mai 1869, il attaqua l’écriture de ce premier volume.