et là, il écrivit à cette époque, (1867), un « Salon » à la Situation, journal qui appartenait au roi de Hanovre ; du reste, ses jugements artistiques ayant terrifié la rédaction, ce « Salon » ne fut pas achevé. Pour gagner immédiatement quelque argent, il se livra alors, comme je l’ai dit plus haut, à une tentative de roman-feuilleton écrit au jour le jour. Un certain M. Arnaud, mort depuis, publiait un journal à Marseille : le Messager de Provence. Sur des documents judiciaires fournis par celui-ci, Zola bâcla pour ce journal un grand roman en trois parties, qui lui fut payé deux sous la ligne, ce qui était superbe de la part d’une feuille de province. Les Mystères de Marseille, réunis en trois petites brochures, aujourd’hui introuvables, reparurent longtemps après, dans le Corsaire de M. Édouard Portalis, sous le titre : Un duel social. C’est de la fabrication pure : la phrase s’y trouve tout aussi correcte que dans les autres œuvres de l’écrivain, mais il n’y a pas de fond. La justification de l’auteur, c’est qu’il lui fallait gagner du pain. D’ailleurs, en ce temps-là, quand il passait son après-midi à brosser son feuilleton des Mystères de Marseille, il avait consacré sa matinée à écrire trois ou quatre pages d’une œuvre sérieuse : il travaillait à Thérèse Raquin.
Voici comment il eut l’idée première de ce roman. Le Figaro venait de publier en feuilleton la Vénus de Gordes, de MM. Adolphe Belot et Ernest Daudet, œuvre dans laquelle les auteurs, après avoir fait tuer