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Zola avait fait de nouvelles connaissances, surtout dans le monde des peintres. Avec Cézanne, qui venait alors de rencontrer Guillemet, il fit le tour des ateliers, surtout des ateliers de l’école dite « des Batignolles, » qui fut le berceau des impressionnistes d’aujourd’hui. C’est ainsi qu’il se lia avec Édouard Béliard, Pissaro, Monet, Degas, Renoir, Fantin Latour, etc.

Jadis, quand il était employé, Zola voyait quelquefois entrer dans son bureau un petit homme aux extrémités fines, froid, très correct, très raide, fort peu communicatif, qui lui demandait les livres nouvellement parus, pour en rendre compte dans un journal de Lyon. Puis, en attendant qu’on lui apportât les volumes, le petit homme aux façons sèches mais aristocratiques, prenait une chaise et s’asseyait sans rien dire. C’était Duranty. Si peu liant qu’il était, Duranty devint plus tard un ami de Zola, quand celui-ci l’eût rencontré de nouveau dans l’atelier de Guillemet. Entre ces deux hommes de lettres, d’un talent et d’une nature si dissemblables, de solides liens ne tardèrent pas à s’établir. Et, plus tard, affectionnant beaucoup moi-même Duranty, il m’a été donné d’assister à la curieuse action de ces tempéraments agissant l’un sur l’autre. Ces deux hommes n’avaient d’autre point de contact qu’une mutuelle estime pour leur intelligence. A chaque œuvre nouvelle, j’ai vu Zola se poser avec curiosité cette interrogation : « Qu’en pensera Duranty ? »