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Allait-il, le lundi, lui dire : « Vous êtes un enfant sublime : je vous édite ! » Ou bien, notre débutant recevrait-il une algarade décourageante ? Le lundi matin, Zola arrive à la librairie, et essaye de lire son sort sur le front du vieil éditeur. Rien ! ce front reste impénétrable ! Enfin, un peu avant midi, au moment du départ des employés pour le déjeuner, M. Hachette l’appelle dans son cabinet et, faveur inaccoutumée, le prie de s’asseoir. Sans crier au chef-d’œuvre — il n’y avait pas lieu, je crois — l’éditeur parle avec bonté an poète, et l’encourage. Ce fut à partir de ce jour qu’il montra plus de considération pour le jeune homme, s’intéressa davantage à lui, et non content d’avoir porté ses appointements à deux cents francs, s’ingénia à lui procurer de temps à autre quelques travaux supplémentaires.

Deux mois plus tard, M. Hachette lui ayant demandé une nouvelle pour un journal d’enfants que publiait sa librairie, Zola écrivit : Sœur des pauvres. L’éditeur, après avoir lu ce conte, fit encore venir l’auteur dans le fameux cabinet, où il lui dit ce mot singulier : « Vous êtes un révolté ! » La nouvelle, jugée trop révolutionnaire, ne fut pas imprimée. On peut la lire dans les Contes à Ninon.

Tout en faisant ainsi son chemin comme employé, Zola travaillait pour lui. Le soir, son dîner achevé, vers huit heures et demie, il se mettait à écrire. L’habitude d’un travail régulier, qu’il a toujours