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Ce n’était plus la misère noire, mais ce n’était pas la fortune, ni même l’aisance. Pendant une dizaine d’années encore, il eut à se débattre dans une sorte de gêne, luttant contre la dette, obligé de parlementer avec des huissiers : souffrances d’argent, souffrances réelles que connut bien Balzac, mais qui servent d’aiguillon aux forts, et qui ne paralysent que les faibles.

Non seulement l’emploi dans la maison Hachette tira Zola de la misère, l’affranchit des dangers de l’oisiveté et des compromissions funestes de la bohème ; mais sa véritable éducation littéraire et parisienne fut faite là. Il dut à ses fonctions mêmes de chef de la publicité, toute une initiation. En rapports quotidiens avec les écrivains et avec les journaux, avant d’être du bâtiment, il acquit une connaissance précoce et bien utile de tout le personnel du monde littéraire. Que de fois, maintenant encore, quand je lui parle de quelque homme de lettres, souvent de notoriété fort restreinte, rencontré par moi dans un milieu étrange, je l’entends s’écrier : « Un tel ? je l’ai connu autrefois, chez Hachette. » C’est là qu’il vit de près, de bonne heure, ce que sont les journaux, et qu’il les englobât tous, hebdomadaires ou quotidiens, boulevardiers ou doctrinaires, républicains ou monarchistes, dans un même mépris. « Tous, des boutiques ! »

Pendant près de quatre ans, MM. Taine, About,