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quelle autre carrière, il s’aperçut un beau matin qu’en réunissant ses trois poèmes, il avait un volume de début, un volume de vers. Rodolpho, c’était l’enfer, l’enfer de l’amour ! l’Aérienne, le purgatoire ! Paolo, le ciel ! Dans sa pensée, cela formait donc un tout complet, une sorte de cycle poétique auquel il donna un titre général : « l’amoureuse comédie. » Plus qu’à trouver un éditeur ! Le chercha-t-il réellement, cet éditeur ? Timide comme il l’était encore, vivant en dehors du monde littéraire, il se contenta, je crois, de le rêver. D’ailleurs, il avait déjà cette tendance des grands producteurs, à ne pas accorder beaucoup d’importance à l’œuvre faite, à reporter toutes ses préoccupations et toute sa sollicitude sur l’œuvre à faire. Maintenant, l’Amoureuse comédie, terminée, était reléguée au fond d’un tiroir, et il ne rêvait plus qu’à la Genèse, une autre grande trilogie poétique, bien plus haute, bien plus vaste, qui devait comprendre trois poèmes scientifiques et philosophiques. Le premier de ces poèmes aurait raconté « la Naissance du monde, » d’après les dernières données de la science moderne. Le second présentait un tableau complet de « l’Humanité, » une sorte de synthèse de l’histoire universelle, depuis les commencements de l’homme jusqu’à l’épanouissement de notre civilisation contemporaine. Enfin, le troisième et dernier, celui qui devait être sublime, sorte de résultante logique des deux autres, aurait chanté l’homme s’élevant de plus en plus