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il est redevable à l’autre moitié de sa nature. Ainsi, dans ce cas particulier du baccalauréat, le matin ou il arrivait à la Sorbonne pour les épreuves écrites, je m’imagine le voir : au fond très calme, indifférent, acceptant le résultat quelconque, mais à la surface un peu ému, un peu tremblant, ayant sur la conscience de n’avoir rien fait depuis dix-huit mois, se sentant très mal préparé, redoutant enfin un insuccès probable, presque certain, qui affligera sa mère.

Alors, qu’arrive-t-il ? ce qui arrive neuf fois sur dix en matière d’examen et de concours public : de l’imprévu, de l’illogique et du grotesque. Reconstituez la petite tragi-comédie suivante.

Le soir du jour des épreuves écrites, le candidat bachelier se couche avec la conviction d’avoir fait une version très médiocre et de ne pas avoir trouvé la solution juste de ses problèmes. Le lendemain matin, à son réveil, une lâcheté le prend. Pourquoi ne pas rester bien chaudement dans son lit, au lieu de risquer une course inutile ? Il se décide pourtant à se lever, va à tout hasard à la Sorbonne, consulte la liste des candidats « reçus à l’écrit : » quel n’est pas son étonnement de se voir le second sur cette liste ! Il n’a donc plus qu’à soutenir l’épreuve orale, une bagatelle. Son tour arrive. D’abord, la partie scientifique : superbe ! Physique et chimie, histoire naturelle : très bien ! Mathématiques pures, algèbre et trigonométrie : bien ! Boules blanches sur boules blan-