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lectures indépendantes. Toujours de longues lettres aux camarades du Midi ; toujours une ombrageuse timidité l’éloignant de toute nouvelle amitié. En discours français, pourtant, la même supériorité que l’année précédente en narration française. Non moins perspicace que M. Levasseur, le professeur de rhétorique, M. Étienne, avait remarqué les discours français de l’élève Zola. Bien qu’il leur fit le reproche, sans doute mérité, d’être « trop romantiques, » il aimait à en donner lecture lui-même à sa nombreuse classe, et, très agréable lecteur, il leur faisait produire un grand effet.

Enfin, nous voici en août 1859. Sa rhétorique terminée, que va faire notre élève ? Très en retard pour son âge — dix-neuf ans sonnés ! — sans un sou de fortune, ayant hâte de se faire une position et de soutenir sa mère à son tour, il saute « la philosophie, » et se décide à affronter tout de suite l’épreuve du baccalauréat ès sciences.

Le baccalauréat ! Quel dédain pour ce mot, dès ce temps-là, et pour les diplômes en général, et pour toutes les distinctions universitaires, académiques, sociales. On trouve déjà, chez Zola, un révolutionnaire d’instinct, qui descend au fond des choses, disposé à ne s’incliner que devant le talent original. Mais, en même temps, grâce à un heureux équilibre, à côté du révolté, il y a en lui le raisonnable : résigné, capable de toutes les souplesses, merveilleusement apte à mettre en œuvre l’élan et le ressort, dont