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extra-universitaires lui apprenaient en ce temps-là à aimer deux choses : d’abord la poésie romantique, fleur de jeunesse et de fantaisie, éclatante et folle ; puis, tout de suite un correctif, la belle prose française, rapide et nette, logique. Mais ces goûts littéraires contribuaient eux-mêmes à l’éloigner des exercices classiques. Il passait la plus grande partie des études à écrire, à ses amis de Provence, de longues, d’interminables lettres. Malgré le papier pelure, il fallait deux ou trois timbres pour les affranchir. Et, dans ces volumineuses confidences, Zola, qui souffrait d’une sorte de mal du pays, racontait à Cézanne et à Baille l’ennui de la vie au lycée, l’incertitude de l’avenir, les lectures, les premiers essais littéraires. Il y avait de tout, dans ces lettres : de la prose et des vers, de grandes pièces de vers romantiques ! des larmes rentrées et des projets superbes ! des enfantillages, de la naïveté, et des éclairs de talent ! surtout d’ardentes discussions philosophiques, morales, esthétiques, écho de celles des longues promenades des trois amis ! Au fond de ce jeune esprit, qui n’en était encore qu’à la période des vers, déjà un raisonneur et un critique s’éveillaient.

Enfin, cette interminable année scolaire se termine. Zola n’eut que le second prix de narration française. Pour l’encourager au travail, sa mère, toujours indulgente, voulut lui faire passer de bonnes vacances. Au lieu de le laisser s’ennuyer dans Paris,