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Ancien ami de François Zola, M. Labot, avocat au conseil d’État, recommanda le fils à M. Désiré Nisard, alors directeur de l’École normale, et, ancien condisciple lui-même de M. Labot. Grâce à cette haute recommandation universitaire, Émile obtint tout de suite une « bourse » au lycée Saint-Louis. Il y continua sa seconde, section des sciences (1858). Il y fit également sa rhétorique (1858-1859).

Le voilà donc dans un lycée de Paris, en arrivant du collège d’Aix. Il y éprouva, les premiers jours, il me l’a raconté depuis, une stupéfaction profonde. Au lieu des natures provençales, de ces grands gamins turbulents, ignorants et grossiers, qui étaient ses condisciples dans le Midi, il trouvait de jeunes hommes précoces, pas meilleurs mais plus sérieux sous un masque d’ironie fine, se livrant moins, avec cela au courant de tout, lisant les journaux, vivant des charmes de la cabotine en vogue. Plus âgé que la plupart de ses nouveaux condisciples, il se sentait inférieur, gauche et en retard, très intimidé. Il se produisit même une chose assez curieuse. À Aix, les loustics du collège l’avaient plaisanté autrefois sur son accent du Nord, l’appelant « franciot » et « parisien ; » maintenant, à Paris, les lycéens lui trouvaient un certain accent du Midi, et l’appelaient « marseillais. » Enfin, plus que jamais, il se sentait pauvre.

Il ne contracta donc pas de nouvelles amitiés. Il vécut au lycée Saint-Louis, sombre et ramassé sur