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moelleux, de thym et de lavande. Bientôt, la nuit vient, ils s’installent tous les quatre, s’étendent dans leurs pardessus, et cherchent bravement le sommeil. Mais le temps s’est gâté. Un gros vent siffle par les fentes des roches. Ils sont très mal dans leur grotte. À la lueur de la lune, ils voient de grandes chauves-souris tournoyer au-dessus d’eux. Enfin, ils n’y tiennent plus, ils renoncent à leur beau projet, et, vers deux heures du matin, reprennent le chemin de la ville. Mais, auparavant, ils enflamment les thyms et les lavandes, pour s’offrir la vue d’un embrasement romantique. Les chauves-souris épouvantées s’envolaient, avec des miaulements de sorcières shakespeariennes.

Un jour, brusquement, cette belle vie insouciante cessa. Dès le commencement de 1857, l’appartement du cours des Minimes étant devenu trop cher, il avait fallu le quitter, et l’on était venu au coin de la rue Mazarine. Ce fut là le dernier logement de la famille Zola à Aix, le plus pauvre, rien que deux petites pièces donnant sur le « barri, » sorte de ruelle faisant le tour de la ville : de chétives maisons d’un côté, et de l’autre le mur en ruines du rempart. La grand’maman Aubert mourut dans ce logement, en novembre 1857. La misère était venue. Tout le mobilier vendu, des dettes, et les procès interrompus, faute de provision à donner aux avoués : telle était la situation. Vers la fin de l’année, Émile Zola venait d’entrer en seconde, lorsque sa mère partit