Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

taient de là à un dangereux spectacle. C’étaient d’homériques batailles à coups de pierres, enfants du faubourg contre enfants de la ville, deux bandes de marmaille sauvage se pourchassant l’une l’autre avec des cailloux, continuant je ne sais quelle haine séculaire de quartier à quartier. — Lisez les pages 317 et suivantes de la Faute de l’abbé Mouret, où le frère Archangias et Jeanbernat, au clair de lune, se lapident terriblement : ce n’est qu’un ressouvenir de ces combats du faubourg. — D’autres fois, on faisait le tour de la ville, le long des vieux remparts crevassés et couverts de lierre ; on « lézardait » au soleil, à l’abri du mistral, le long de « la Cheminée du roi René ; » ou bien, si la journée avait été chaude, on sortait par la porte Bellegarde, et l’on montait aux « Trois-Moulins, » pour respirer. D’autres fois, c’était un régiment de passage que l’on allait voir faire son entrée sur le Cours, musique en tête, puis à qui, le lendemain, dès l’aurore, on faisait la conduite jusqu’au pont de l’Arc. Dans les Nouveaux contes à Ninon, il y a des pages sur ces passages de troupes et sur d’autres souvenirs de jeunesse. Les processions, par exemple ! les fenêtres pavoisées d’étoffes voyantes ; la foule endimanchée, accourue de toutes parts, assise sur des rangées de chaises et sur le bord des trottoirs ; le milieu de la rue libre, comme une sorte de canal creusé entre deux rives humaines ; puis les deux gendarmes à cheval, ouvrant la marche ; les théories