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Cette âme, pur esprit qui soupire en mon sein,
Dieu l’a-t-il dérobée à ces lueurs perdues,
Qui maintenant, d’en haut, l’appellent dans les nues ?
Pourra-t-elle y monter, et, s’échappant du corps,
Voir son Dieu face à face et le comprendre alors ?
Réponds, ô firmament !… Mais la voûte étoilée
Tourne, éclaire sans bruit ma tête désolée.
Le grand rideau céleste, aux plis majestueux,
Ne s’est pas écarté pour contenter mes vœux.
Si l’espace a parlé, je n’ai point su l’entendre.
J’ai frémi devant lui, sans pouvoir le comprendre.
Toujours, toujours, ce Dieu se plaît à se voiler ;
Même aux pages du ciel je n’ai pu l’épeler ;
Et ce dôme d’azur qui regarde la terre,
Contemple, indifférent, sa honte et sa misère,
Ne s’inquiète pas si les rayons divins
Sont un nouveau supplice à la nuit des humains,
Et s’élargit superbe, égoïste, en la nue,
Image de ce Dieu qui régla l’étendue.

La terre te blasphème et les cieux sont muets.
Est-ce en moi, Créateur, que tu te cacherais ?
Sonderai-je mon être et jetterai-je encore
Mon cœur en aliment au feu qui me dévore ?
Hélas ! sous mon regard, je vois croître la nuit.
Plus je descends en moi, plus la lumière fuit,
Et je suis, quand je veux regarder dans mon ombre,
De la création la page la plus sombre.