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À MES AMIS


Mon démon familier, mon sylphe aux ailes roses,
Est venu ce matin, sur mes paupières closes,
Poser le bout du doigt, et, pour mieux m’éveiller,
Comme un oiseau chanteur se mettre à babiller.

« Ô mon bel endormi, murmura-t-il, l’aurore
M’a fait abandonner la fleur qui vient d’éclore.
Au firmament, les plis du manteau de la Nuit
Dans l’ombre du couchant disparaissent sans bruit ;
Et, voulant t’apporter la goutte de rosée
Qu’un baiser de ma mie aux lèvres m’a laissée,
Je me suis dit : Courons chercher mon paresseux,
Mon poète, et dans l’herbe égarons-nous tous deux.
Ne viens-tu pas ? la brise est parfumée et douce.
Près de l’eau, je connais un long sentier de mousse :
Nul gravier, nulle épine ; un sentier de rêveurs.
Le limon de la rive est caché sous les fleurs.