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Sanglotant et courbant la tête
Vers les flots destructeurs,
Elle voulait à la tempête
Alors reprendre ses fleurs ;
Puis, retournait dans la prairie
Cueillir une gerbe fleurie,
Pour apaiser ses pleurs.
Et bientôt, avec un sourire,
Au vent elle jetait,
Dans son insoucieux délire,
Feuille à feuille son bouquet ;
Et, lorsque sa main était vide,
De nouveau sur le sable humide
Penchée, elle pleurait.
Si tu n’es qu’une enfant mortelle,
Belle Ève aux blonds cheveux,
Prends-moi comme une branche frêle,
Pour t’égayer en tes jeux ;
Et, brisé dans ta main rieuse,
Jette-moi, bientôt dédaigneuse,
Dans les flots orageux.
Pour toi, je consens à la boue,
Au bonheur passager,
Légère paille dont se joue
Un vent volage et léger.