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Qui s’élève des bois quand le soleil décline,
Le chant continuel et strident des grillons.
Voici minuit qui sonne à l’église voisine.
Le son pleure, s’éteint : le silence est profond.
Comme un divin flambeau, derrière la colline,
La lune lentement montre son pâle front.
Ces lieux tristes le jour, tristes comme la plaine
Que vient de dévaster l’orageux aquilon,
À cette heure de nuit, de lumière incertaine,
De silence et de paix, ont la sainte beauté
Des marbres des tombeaux dans leur tranquillité.

Paolo, resté caché parmi de vieilles dalles,
S’approche enfin du seuil aux marches inégales,
Lentement et craignant qu’un regard curieux
Ne le guette dans l’ombre et ne lise en ses yeux.
Il se couche à demi, comme le chien fidèle
Qui garde le sommeil de son maître adoré,
Il se couche en travers sur la porte de celle
Dont même pour l’amour le repos est sacré.
Ses regards sont rêveurs ; la fraîcheur est si douce,
Le ciel si lumineux, le pavé si désert !
Derrière le rempart, comme un lointain concert,
Chante une voix d’oiseau gazouillant dans la mousse.
Tranquillité sacrée, es-tu pas le bonheur ?
Calme, pâle clarté, chant voilé de la lyre,
Êtes-vous pas le ciel, vous qui faites sourire
Cet enfant amoureux courbant son front rêveur ?